Wednesday, February 15, 2017

Taipei - Paris: 3:0

Lao Ban Zhang 2009
Non, il ne s'agit pas de foot, juste un clin d'oeil à la victoire du PSG contre le Barça. En fait, Olivier, un lecteur passionné de thé est venu pour un cours de thé sur les puerhs hier. Et comme il voulait profiter de ce cours pour comparer mes puerhs à ceux de la plus célèbre maison de thé de la capitale, cela m'a donné envie d'en faire une petite compétition. Pour pimenter l'affaire, j'ai proposé que mon cours soit gratuit si l'un de ses thés battait le mien!

Pour ces 6 infusions, nous avons donc pesé les feuilles afin que le poids soit exactement le même. Les 2 jeunes puerhs furent infusés en gaiwan en porcelaine avec 3 grammes. Les 4 puerhs anciens, plus âgés, furent infusés en petite Yixing zhuni avec 2 grammes seulement (par raison d'économie avant tout, vu leur prix).
 
Ci-dessous, nous avons les feuilles ouvertes de ces 6 puerhs. En haut, Paris, en bas, Taipei.
Voici un résumé des 3 manches:
1. 2009 Lao Ban Zhang contre 2006 Lincang. (à gauche)
Le Lao Ban Zhang est LE terroir roi en ce qui concerne les théiers centenaires. Il a une réputation de puissance qui en fait l'une des origines les plus recherchées. Ces feuilles de 2009 ont une bonne pureté de goût, de nombreux bourgeons et une bonne persistance. Par contre, il pêche par son amertume exacerbée qui domine tous les autres goûts.
Mon Lincang de 2006 a 3 ans de plus et a bénéficié d'un vieillissement chez moi, à Taipei. On voit que les feuilles sont plus sombres et la liqueur fut plus orangée également. Il a beaucoup de force également, mais le goût est plus doux. Odeurs boisées. Pour moi, ce match-là n'est pas très équilibré et je trouve le Lincang bien supérieur. Olivier penche plus pour un match nul, car aucun de ces 2 puerhs ne lui a vraiment plu. Il trouve leurs senteurs trop plates, insuffisamment complexes. Il préfère les laisser vieillir encore.
2. Mon puerh 8582 de Menghai Tea Factory de 1988 contre une galette d'Yiwu de 1985 d'une autre fabrique (au milieu)
Nous commençons par mon thé cette fois, car c'est le plus jeune des deux. C'est immédiatement un thé qui fait l'unanimité quant au plaisir qu'il produit. C'est un goût puissant, épais, harmonieux, lissé, interminable et des arômes complexes de camphre et mentholés. Que du plaisir.
La galette de 1985, par contre, me reste sur l'estomac. Le finish semble encore brut et cru. C'est le thé qui m'a le moins plu.

3. Un puerh en vrac de 1978 contre mon puerh en vrac du début des années 1970 (à droite)
Sec, le 1978 ne se distingue presque pas de mon vrac. Les odeurs anciennes sont similaires également. Son goût est doux et agréable.
C'est un bon puerh, mais le match n'est pas équilibré, car mon puerh est bien plus cher. Mais bon, il pourrait aussi être plus cher et moins bon. Le prix d'un thé n'est pas toujours en rapport avec sa qualité. Mais ce n'est pas le cas cette fois. Mon puerh a plus de finesse, de fraicheur et de longueur en bouche. Ses feuilles sont aussi un peu des tons verts que celles du 1978.
Paradoxalement, je pense que le succès d'une maison à thé est aussi un risque pour la qualité de ses thés. Rappelons-nous la règle que qualité et quantité font rarement bon ménage. Plus on vend, plus on a besoin de nouvelles feuilles, plus il est difficile de maintenir le même niveau de qualité. C'est surtout le cas dans les thés haut de gamme, car la demande et les prix ne cessent d'augmenter en Chine ces 10 dernières années.

Un grand merci à Olivier qui a bien voulu partager ses thés avec moi. Je me sens maintenant aussi heureux qu'un supporter du PSG!

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