Thursday, December 15, 2016

Le Hung Cha, c'est quoi?


2015 printemps Da Yeh de Tse Ke Shan
Il n'y a pas que le Qing cha qui pose problème aux traducteurs automatiques. Ainsi, 紅茶 (Hóngchá) est traduit par thé noir ou par thé rouge! Cela devrait pourtant être évident que
Hóng désigne la couleur rouge et qu'il faut donc appeler ce thé rouge. Ce nom désigne tous les thés dont les feuilles sont entièrement oxydées.

La raison de cette confusion est historique. La classification du thé en 6 catégories de couleurs en fonction de leur degré d'oxydation ne date que du début du 20ème siècle. Elle fut l'oeuvre d'un chinois du Fujian, Chen Chuan (1908-1999). Auparavant, en Europe, on classifiait le thé soit par son origine, soit par la couleur de ses feuilles sèches. Et on voit bien ci-dessus que ces feuilles sèches sont noires.
La couleur de l'infusion n'est pas vraiment rouge non plus, mais plutôt orange foncée. C'est la couleur des feuilles infusées qui devient rouge avec l'oxydation totale.
L'Europe a connu le Hung Cha bien avant l'invention de la classification en 6 couleurs. Le premier thé rouge inventé fut le lapsang souchong (zhengshan xiaozhong) dans le village de Tongmu non loin de Wuyi dans le nord de la province du Fujian. C'était le thé de la noblesse européenne de la fin du 18ème siècle et du début du 19ème siècle.
A l'époque, la Chine avait le monopole du thé et de la porcelaine. Le thé était donc très précieux, ses feuilles étaient souvent conservées dans des boites décorées et munies d'une serrure! Seule la maitresse de maison en gardait la clé et pouvait autoriser son emploi.
Le thé rouge était donc un plaisir exotique réservé aux grandes occasions, un peu comme le caviar, le saumon fumé ou la bouteille d'un vin grand cru. La saison de Noël est donc parfaite pour en goûter les riches saveurs et ressentir sa chaleur naturelle!
L'oxydation totale de feuilles stabilise bien les arômes de ce type de thé. Il n'a absolument pas peur d'être post-oxydé, au contraire! C'est pourquoi c'est un type de thé qui se garde souvent bien et a même un potentiel de bonification et d'affinage. C'est le cas avec ce thé rouge de 2015 du cultivar Da Yeh Oolong de Tse Ke Shan sur la côte Est de Taiwan. Il a gagné en harmonie et douceur depuis l'an dernier.
La saison froide de Noël est l'occasion de redécouvrir le thé rouge de qualité, à feuilles entières, sans arômes artificiels. C'est si délicieux que cela peut se préparer comme un Oolong en gongfucha (avec une théière ou un gaiwan en porcelaine). Ou bien le thé rouge (sans sucre) accompagnera aussi très agréablement les petits gateaux de Noël. 
Le Hung cha, c'est la vie de chateau et les arômes de Noël!

1 comment:

Patrick said...

I'm looking forward to trying the "red" sample you included in my recent cup order! Just letting it rest for a week or so first.